Le Contemporaliste

Curateur de bien-être et art de vivre masculin depuis 2012

Critique cinéma sur LES NUITS BLANCHES DU FACTEUR!

Le grand réalisateur russe Andreï Kontchalovski, dont les deux derniers films, Les nuits blanches du facteur et Paradis, ont été primés à la Mostra de Venise en 2014 et 2016, fête ses 80 ans cette année (С днём рожде́ния, Андрей!), et pour l’occasion, la compagnie montréalaise Carusel, désormais établie à Montréal, organise des projections de ses films un peu partout au Canada. Le Contemporaliste a eu la chance d’assister à la première médiatique des Nuits blanches du facteur à la Cinémathèque québécoise, film qui sortira le 16 juin prochain au Québec.

D’emblée, la force de la réalisation de Kontchalovski réside dans sa capacité à capter des images réalistes d’une âpre beauté, campées dans un petit village pittoresque entouré d’une nature constituée de lacs et de forêts infranchissables. On se laisser bercer par cette poésie d’images austères, qui nous transportent dans une sorte de chronique du quotidien des habitants des petits villages autour du lac Kenozero, plus vrais que nature. C’est que le cinéaste a fait appel à un casting sauvage, c’est-à-dire non composé d’acteurs professionnels, à l’exception de deux ou trois personnages, amplifiant ainsi l’impression de réalisme cru. Ce faisant, on s’attache facilement à tous ces personnages, qu’ils soient ivrognes, dépressifs, policiers, retraités à moitié séniles ou militaires, mais qui ont tous le point en commun d’être coupés du monde et livrés à eux-mêmes. Pour aller à la rencontre de tous ce beau monde, qui de mieux que Liocha, russe typique dans la cinquantaine et facteur du village, qui doit se déplacer en bateau à moteur pour aller à la rencontre de toutes ces bonnes gens? Chaque jour, le célibataire sillonne les eaux du lac Kenozero pour aller porter des médicaments, de la nourriture et des lettres à ses compatriotes, prétexte pour mieux les connaître, dans toute leur fragilité humaine, à la fois si loin et si proche de la nôtre. Liocha s’éprend de sa belle voisine, Irina, mère célibataire, et tisse par la même occasion un lien avec le fil de cinq ans de cette dernière à qui il fait découvrir la nature et ses environs, prétexte pour plonger dans ses souvenirs de jeunesse campée dans une Union soviétique encore glorieuse. Comme le village est situé dans le nord de la Russie, le soleil est au rendez-vous presque 24h sur 24 et, ce faisant, le quinquagénaire nous transporte dans ses nuits blanches durant lesquelles il hallucine un gros chat gris qui ne cesse de l’observer, peinard. Le dur quotidien de ces villageois russes, incluant celui de Liocha, comporte son lot de petits malheurs, mais ces derniers sont aussi dotés de résilience. Bref, il s’agit d’un film à la simplicité désarmante qui fait du bien à visionner (et à contempler).

Film présenté du 16 au 22 juin avec sous-titres français, à la Cinémathèque Québécoise et sous-titres anglais, au Cineplex Forum.

 

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