Critique spectacle: WINTERREISE à Montréal: voyage intérieur d’une grande beauté
Le chorégraphe José Navas débarque à la Cinquième Salle pour présenter sa nouvelle création, intitulée Winterreise. Comme son nom l’indique, celle-ci est directement inspirée par l’œuvre du même nom composée par Franz Schubert que Navas a transposée sur scène, sous la forme d’un solo dans lequel il est le seul danseur durant toute la représentation.
Winterreise, ou Voyage d’hiver, a été créé un an avant la mort de Schubert. Il est composé de 24 poèmes germaniques écrits par Wilhelm Müller qui expriment notamment l’abattement, l’angoisse et la peur de la mort. Ceux-ci sont chantés sur scène par Jacques-Olivier Chartier et joués au piano par Francis Perron.
À l’arrivée des spectateurs dans la salle, délimitée par un jeu de lumière, Navas est déjà sur scène, assis dans un coin et les mains sur les genoux, en train de méditer. Du côté gauche de la scène, demeuré dans l’ombre, se trouvent un piano à queue et une chaise, qui sont occupées par le chanteur et le pianiste, dès que ceux font leur entrée sur scène, aussitôt plongée dans la pénombre.
Durant 70 minutes, Navas, en phase avec les chants mélancoliques de Schubert, passe par tous les stades de la douleur et du déchirement causés par le chagrin d’amour. Sa performance est impressionnante, tant ses mouvements sont fluides, souples et connectés avec la musique. À 55 ans, Navas se livre à des prouesses dignes de mention! Jacques-Olivier Chartier, le chanteur, n’est pas en reste. Sa voix, solide et inébranlable tout au long du spectacle, traduit bien l’émotion de déchirement qui traverse le Voyage d’hiver. Le pianiste, Francis Perron, interprète cette œuvre avec autant d’intensité que ses deux acolytes sur scène. Outre la musique et la danse, un quatrième élément se démarque dans cette présentation : le jeu de lumière de Marc Parent qui participe au mouvement du corps et de la musique.
Somme toute, il s’agit d’un voyage intérieur au bout de la douleur, certes, mais d’une très grande beauté.
Jusqu’au 22 février 2020 à la Cinquième Salle de la Place des Arts, de Montréal. Plus de détails (ici)