Critique de la pièce: Habiter les terres
L’éloge des villages autogérés et dégoût viscéral de la politique
À Guyenne, un petit village au nord du Québec, une mauvaise nouvelle tombe sur ses vaillants habitants, composés d’humains, d’outardes et d’ours : le village fermera d’ici peu. Ces derniers décident de prendre les grands moyens pour forcer le premier ministre à venir leur parler : ils kidnappent le ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Occupation du territoire et le plantent au beau milieu d’un chant de navets. La révolte paysanne gronde…
Dans une mise en scène de Jacques Laroche, les acteurs sont criants de vérité dans leurs rôles de campagnards, sans toutefois jamais tomber dans la caricature. Il faut dire que l’auteure, Marcelle Dubois, est elle-même originaire d’une région éloignée – le Témiscamingue en l’occurrence -, et sa dernière création est un vent de fraicheur dans ce que nous sommes habitués de voir, que ce soit au théâtre, à la télévision ou au cinéma à propos des régions. La critique sociale, transmise sous le couvert d’un humour exubérant et contagieux, fait rapidement son chemin dans notre esprit. On comprend que le système politique actuel est inadapté à la réalité des régions éloignées. Le premier ministre est d’ailleurs personnifié par une vieille voix radiophonique inhumaine se contentant d’invectiver les villageois en les traitant de terroristes.
Quand la politique se mêle du destin des régions éloignées et que ces dernières répliquent, l’issue du combat n’est jamais bien heureuse pour le camp des régions. Néanmoins, il ne faut pas s’empêcher de garder espoir ; cela, la pièce le fait bien comprendre.
Du 9 au 27 février au Théâtre aux Écuries
Crédit des photos: Eugène Holtz