Le Contemporaliste

Curateur de bien-être et art de vivre masculin depuis 2012

L’IDIOT au TNM : pari réussi!

Un phénomène rare a lieu ces jours-ci sur les planches du TNM : un roman du grand écrivain russe Dostoïevski prend vie sur scène. En effet, l’auteur Étienne Lepage et la metteure en scène Catherine Vidal ont uni leurs talents pour adapter L’idiot, immense fresque de 900 pages, pour le théâtre. Le défi était colossal : dans l’univers dostoïevskien, l’écriture est dense et fiévreuse, les dialogues sont touffus et les personnages et les intrigues foisonnent. La complexité de cet univers est manifeste…

Atteint d’épilepsie depuis sa naissance, le prince Mychkine (Renaud Lacelle-Bourdon) revient d’un séjour de 4 ans en Suisse où il est parvenu à soigner, ou du moins à contrôler son mal. Démuni, ne possédant absolument rien, hormis son titre de noblesse, il part en Russie trouver sa proche parente, Lizaveta Épanchine (Macha Limonchik) dans l’intention de pénétrer les cercles fermés de l’aristocratie russe. Il fait alors la connaissance de Nastassia Philippovna (Évelyne Brochu), belle femme flamboyante dont la souffrance immense le bouleverse et qu’il tente de sauver. Or, le sombre Rogojine (Francis Ducharme) rôde autour d’elle.

Dépourvu d’orgueil, l’idiot est en quelque sorte une figure christique dont la bonté et l’amour pour son prochain s’avèrent surnaturelles dans ce monde excessivement individualiste, mesquin et calculateur, porté sur l’argent et peuplé d’humains qu’on pourrait qualifier de monstres d’ego. Bref, la présence du prince vient perturber ce monde gangréné et exacerbe les passions de toute cette société…

Les créateurs de la pièce ont d’ailleurs fait le choix judicieux de gommer les aspects liés à la Russie du XIXe siècle pour se concentrer sur les personnages dévorés par leurs passions, bien rendues notamment par le jeu flamboyant des acteurs et la langue vernaculaire québécoise normative. Ces choix créatifs rendent alors l’œuvre plus contemporaine et universelle que jamais. Éblouissante, drôle et bouleversante, cette adaptation s’avère une réussite sur toute la ligne. À voir et revoir!

20 mars au 14 avril  2018, en supplémentaire le 17 avril 2018, au Théâtre du Nouveau- Monde de Montréal, au Québec. Le lien (ici)

Crédit photo : Yves Renaud

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