Du 2 au 20 février, la salle Fred-Barry du théâtre Denise-Pelletier présente la première création des Productions Menuentakuan, une pièce de théâtre intitulée Muliats. Shaniss, un jeune Innu originaire de Mashteuiatsh et en quête de repères, s’installe à Montréal. Il rencontre son nouveau colocataire, Christophe, qui ne connaît strictement rien à la culture autochtone, hormis les idées reçues véhiculées par l’ignorance et la culture populaire. Les deux colocataires apprennent à se connaître et s’apprivoisent mutuellement, allant jusqu’à se poser les questions les plus absurdes pour en savoir plus au sujet de leur culture respective. Sans tomber dans le moralisme, la pièce réussit à faire passer habilement son propos à travers la relation entre les deux colocs, que ce soit par le biais de l’humour ou de l’émotion. Les thèmes abordés, tels que le racisme, le refus de s’intéresser à la culture de l’autre, l’incompréhension et le fait de se sentir étranger dans son propre pays, sont toujours autant d’actualité et sont loin de se limiter à la cause des Premières nations : ils sont plutôt universels. La pièce amène ainsi une belle discussion entre les Québécois et les Autochtones sur scène. La distribution d’acteurs, qui sont aussi à l’origine de cette création, défendent bien leur rôle : il y a l’acteur et metteur en scène Xavier Huard, l’acteur Charles Bender, de la nation Huron-Wendat, Marco Collin, acteur innu qui joue actuellement dans Les Pays d’en haut, ainsi que la poète Natacha Kanapé Fontaine. Christophe Payeur a aussi participé à l’écriture de la pièce avec les acteurs. Somme toute, cette création amène un discours que l’on entend que trop peu, que ce soit au théâtre ou à la télévision québécoise. Heureusement, les choses tendent à changer grâce à des créateurs qui vont de l’avant.

Crédit photo: Collin Earp-Lavergne