Queue cerise au Théâtre d’Aujourd’hui : Angoisse au travail et déconstruction du langage
Michelle, une jeune femme en apparence normale, atterrit dans un nouveau milieu de travail. Rapidement, les choses se corsent pour elle. Elle ignore ses tâches et se perd constamment dans les dédales des couloirs et des bureaux de l’un et l’autre de ses collègues. Ces derniers, quelque peu étranges, l’épient constamment et ne font que la rendre encore plus angoissée qu’elle ne l’est déjà. En plus, Michelle développe une fascination pour le sous-sol du bureau, où elle passe de plus en plus de temps. Si elle développe une sorte de relation intime avec cette partie du bâtiment, sa collègue, elle, préfère être en relation avec les brocheuses! Il va sans dire que la pièce sombre rapidement dans l’absurde et l’onirisme.
Dans la petite salle Jean-Claude-Germain, la scène, légèrement en hauteur comporte peu d’espace et c’est bien tant mieux! Les déplacements entre les acteurs, toujours rapprochés les uns des autres, créent une promiscuité irrationnelle qui bouleverse les relations entre les différents personnages, dénués complètement de filtres dans leurs pensées, leurs paroles et leurs gestes. Leurs angoisses et peurs les plus lointaines, qu’elles soient physiques, sociales ou psychologiques sont constamment révélées au public, et tout cela est à la fois comique et touchant. Tout ceci bouscule les conventions du langage auxquelles nous sommes habitués. Pourtant, toutes les situations, mises en scène sous la forme de différents tableaux légèrement cauchemardesques, nous semblent très familières. Bref, tout au long de la pièce, on vit une inquiétante étrangeté à laquelle on adhère (ou plutôt on s’identifie?!) avec grand plaisir!
Une distribution d’acteurs formidables, ajoutée à un texte très inventif et imaginatif d’Amélie Dallaire et une mise en scène originale d’Olivier Morin, font du spectacle une réussite sur toute la ligne.
Du 26 janvier au 13 février au Théâtre d’Aujourd’hui
Crédit des photos: David Ospina