Critique spectacle: Revisor : déconstruire le langage
Après avoir présenté Betroffenheit en 2015, le dramaturge Jonathan Young et la chorégraphe Crystal Pite récidivent avec une nouvelle création utilisant brillamment un procédé bien à eux fusionnant danse et langage théâtral, Revisor, une adaptation de la pièce Revizor du célèbre écrivain russe Nicolas Gogol. Cette histoire relate les déboires d’un groupe de fonctionnaires bourgeois, terrorisés par l’arrivée d’un inspecteur, qui découvre tous leurs pires secrets et menace de les dénoncer. Ceux-ci sont alors prêts à se livrer à toutes les bassesses pour éviter d’être dénoncés. Cependant, il s’avère que ledit inspecteur (Tiffany Tregarthen) est en fait un imposteur.
La première partie du spectacle prend la forme de la comédie. Les acteurs empruntent la voie du lyp-sync, les dialogues étant ainsi doublés et sous-titrés au-dessus de la scène, tandis qu’ils suivent une chorégraphie hilarante dans laquelle ils grossissent exagérément les expressions du visages, leurs gestes et leurs mouvements. Pendant ce temps, le dialogues théâtraux sont relégués à l’arrière-plan et même caricaturés, tant le langage bureaucratique s’avère absurde.
Les choses se corsent dans la seconde partie du spectacle : on reprend l’histoire du début, cette fois en se concentrant sur une chorégraphie que les deux créateurs réorganisent en direct, tout comme les dialogues, qu’ils s’amusent à réviser, n’hésitant pas à revenir en arrière pour revoir le texte et la chorégraphie. C’est ainsi qu’on sombre dans le cauchemar de la corruption et de la machination mises en œuvre par les différents personnages de fonctionnaires.
Encore une fois, les créateurs Young et Pite visent dans le mille avec cette fabuleuse nouvelle création, à la fois innovatrice et intrigante.
En espérant des supplémentaires.