Le Contemporaliste

Curateur de bien-être et art de vivre masculin depuis 2012

La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé : un triomphe sur toute la ligne!

La présentation d’une nouvelle pièce originale du dramaturge Michel Marc Bouchard constitue toujours un événement en soi, et La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé ne fait pas exception à la règle. Vendredi dernier avait lieu la première médiatique de cette nouvelle pièce, mise en scène par le grand complice de Bouchard, Serge Denoncourt. Pour l’occasion, le tandem gagnant a réuni une distribution de feu, composée notamment de Julie Le breton, Magalie Lépine-Blondeau, Éric Bruneau et Patrick Hivon.

Thanatologue célèbre sur la scène internationale, Mireille Larouche revient dans son Lac-St-Jean natal après le décès de sa mère, qu’elle planifie d’embaumer selon les rites funéraires qui lui sont propres. Elle n’y a pas remis les pieds depuis 20 ans, à la suite d’un événement terrible qui a marqué toute la petite ville d’Alma et en particulier sa famille. Alors qu’elle était enfant, elle s’amusait à se promener la nuit dans les maisons des gens pour les observer en train de dormir. Or, un jour, l’impensable s’est produit : le garçon le plus populaire de son école secondaire a commis l’impensable sur la fillette.

Le retour du personnage de Mireille dans sa petite ville s’avère particulièrement mémorable, tant elle se situe en décalage par rapport au reste du monde. En effet, aux prises avec un trouble d’autisme, elle se livre à de longs monologues savoureux qui témoignent de ses idéaux de beauté. Elle peine grandement à entrer en communication avec le reste de sa fratrie, composée de ses trois frères et de sa belle-sœur, et Julie Le breton parvient avec grand talent à témoigner du malaise du personnage qu’elle incarne, tout en rendant celui-ci très touchant. La première partie de la pièce marque les retrouvailles de la famille Larouche, qui se conforte dans le small talk et dans la routine éternelle, comme pour masquer le lourd passé et le terrible secret qu’ils cachent. Magalie Lépine-Blondeau brille particulièrement dans le rôle de Chantal, la conjointe de Julien, le frère de Mireille, dont les longs monologues au sujet de sa vie de tous les jours s’avèrent particulièrement savoureux et hilarants. Or, peu à peu, les masques tombent et les personnages n’ont d’autre choix que de révéler les plus lourds secrets de la famille, qui ne sera jamais plus la même après le retour de Mireille.

Si le texte de Michel Marc Bouchard se démarque par la puissance de ses dialogues aussi truculents que poignants, la force de la mise en scène de Denoncourt réside dans son idée d’avoir campé toute l’action dans le laboratoire de thanatologie, au centre duquel trône la dépouille nue de la mère des personnages. Les spectateurs se retrouvent donc confrontés tout au long de la pièce à l’omniprésence de la mort, avec laquelle les vérités dérangeantes et bouleversantes sortent inévitablement. Bref, il s’agit d’une pièce à voir et à revoir, tant le contenu est riche. Un grand moment de théâtre québécois!

14 mai 2019 au 8 juin, Théâtre du Nouveau Monde de Montréal, au Québec. En supplémentaire du 9 juin 2019 au 16 juin.

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