Le Contemporaliste

Curateur de bien-être et art de vivre masculin depuis 2012

« Songe d’une nuit d’été » à la TOHU : vouloir trop en faire.

Présenté à la TOHU par le Théâtre du Trident et la compagnie FLIP Fabrique de Québec, le « Songe d’une nuit d’été » a connu un succès foudroyant dans la capitale nationale.

Le spectacle s’ouvre sur une chambre à coucher, où un acteur, qui s’apprête à s’endormir, est alors visité par des personnages de Shakespeare. Abasourdi, il découvre qu’il est Lysandre et peu à peu, les décors tombent pour laisser place à celui, plutôt large et dépouillé, de la TOHU. Quelques artistes de cirques entreprennent alors de se livrer à des pirouettes et acrobaties. Puis les acteurs reviennent à l’avant-plan et s’entredéchirent les uns avec les autres. On comprend alors que c’est l’histoire d’un chassé-croisé amoureux, dont les protagonistes sont Lysandre et Hernia, amoureux fous l’un de l’autre, ainsi que Démétrius et Héléna. Tout ce beau monde prend la fuite dans une sorte de forêt enchantée, où un roi machiavélique les pourchasse à l’aide de son serviteur plutôt maladroit, le lutin Puck, qui jette des filtres d’amour aux mauvaises personnes, ce qui crée des quiproquos plutôt rigolos. Entre alors en scène une très mauvaise troupe de théâtre un peu vulgaire qui parle en joual.

D’emblée, on constate que la langue employée est problématique : de longues tirades poétiques en français très soutenu, interminables et débitées à un rythme infernal côtoient le joual québécois le plus vulgaire, ce qui casse un peu le rythme de la pièce. Le ton sur lequel les acteurs jouent semble également un peu mal ajusté : on a l’impression de regarder des gamins immatures se tirailler et se pourchasser. Il y a tout de même quelques moments très comiques comme les passages avec la reine des fées qui reçoit un sortilège la faisant tomber éperdument amoureuse d’un homme vulgaire issu de la troupe de théâtre médiocre qui s’est perdu en forêt. Cependant, un constat majeur s’impose : la fusion du théâtre et du cirque n’opère tout simplement pas, puisque le cirque demeure en arrière-plan, la troupe effectuant quelques acrobaties et pirouettes çà et là.

Finalement, on assiste à une adaptation « fourre-tout » tellement loin de l’œuvre de Shakespeare que le spectateur s’y perd et en ressort quelque peu perplexe. Il ne s’agit pas d’un échec, mais certains problèmes de fond comme la direction d’acteurs, les niveaux de langue disparates et la fusion manquée entre le théâtre et le cirque ressortent.

Jusqu’au 10 février 2019 à la TOHU, de Montréal, au Québec. Billets (http://tohu.ca/fr/)

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