Le Contemporaliste

Curateur de bien-être et art de vivre masculin depuis 2012

Vu du pont au TNM : un homme emporté par ses passions

L’automne 2017 est définitivement celui du dramaturge américain Arthur Miller sur la scène théâtrale montréalaise, et ce, pour notre plus grand plaisir! Si le Théâtre du Rideau Vert présentait en octobre La mort d’un commis voyageur, le Théâtre du Nouveau Monde, pour sa part, propose plutôt Vu du pont, du même auteur.

Eddie Carbonne (François Papineau) est débardeur au port de Red Hock, près du pont de Brooklyn. Lui et sa femme Béatrice (Maude Guérin) ont accueilli leur nièce Catherine (Mylène St-Sauveur), orpheline en bas âge. Bon et aimant envers sa nièce, quoique sévère, Eddie protège jalousement cette dernière du monde extérieur, sans réaliser qu’elle est désormais une femme et non plus un enfant, bien que sa femme tente constamment de le lui faire comprendre. Cette triade incarne l’idéal familial américain en accord avec l’ordre social établi. L’arrivée des cousins de Béatrice, Marco et Rodolpho, immigrants siciliens illégaux en quête de travail, viendra perturber cet équilibre.  Contrairement à son frère Marco, bourreau de travail qui ne vit que pour nourrir sa famille restée en Italie, Rodolpho est un jeune homme exubérant, blond platine, qui aime se donner en spectacle au point de pousser la note très haut et devient du même coup la risée des débardeurs. D’emblée, il a tout pour insupporter Eddie, mais ce n’est pas tout : il commet l’irréparable aux yeux de son bienfaiteur en développant une idylle amoureuse avec Catherine. Fou de jalousie et de colère, Eddie sombre peu à peu dans une passion destructrice pour Catherine, qui ne peut se terminer que par une tragédie.

La mise en scène habile de Lorraine Pintal installe cette montée dramatique jusqu’à son point culminant, qui nous fait ressortir foudroyés de la salle. La performance magistrale de François Papineau dans le rôle d’Eddie n’est pas étrangère à ce sentiment bouleversant qui nous habite à la fin de la représentation. Car, une chose est certaine : on aime et on déteste à la fois ce personnage, mais il est si tristement humain, si sincère, qu’on ne peut qu’éprouver de l’empathie à son endroit, malgré toutes ses vicissitudes. Un grand moment de théâtre!

Du 14 novembre au 9 décembre 2017 au Théâtre du Nouveau Monde de Montréal, au Canada. Billets (ici)

Crédit photo : Yves Renaud

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